Parent F, Jouquan J. Comment élaborer et analyser un référentiel de compétences en santé. Une clarification conceptuelle et méthodologique de l’approche par compétences, Bruxelles 2015 : De Boeck

Encadré 7 – page 74

Profil professionnel, contextes et territoires géographiques ou culturels

La question du contexte géographique et des limites territoriales définissant la zone d’application d’un référentiel de compétences devrait chaque fois être débattue et précisée.

En effet, l’APCi se fonde sur une proximité conceptuelle et opérationnelle de la formation avec le métier concerné. Or les pratiques professionnelles sont « contextes-dépendantes ».

Ainsi, selon les contextes ou territoires géographiques ou culturels, les normes prescrites sont spécifiques aux politiques nationales, régionales, provinciales, locales ou communautaires. Les fonctions prestées et les activités qui leur sont liées le sont aussi, en lien à la fois avec l’éventail des ressources disponibles localement, avec la nature et l’importance des interactions entre les institutions et les organisations de santé et leurs environnements.

Les choix effectués relativement à la couverture des activités, autant prescrites que prestées, dont il s’agit de rendre compte lors de l’élaboration du référentiel de compétences, devraient donc traduire ces différentes dimensions, administratives, géographiques et culturelles. Il s’agit en fait d’examiner deux questions :

− Le référentiel de compétences a-t‐il vocation à être développé au sein d’une seule institution, voire d’une section dans une institution, voire encore d’une seule famille de situations professionnelles, en lien avec un profil professionnel plus large défini pour l’ensemble d’une section ?

− Le référentiel de compétences a-t‐il vocation, au contraire, à être développé au sein de plusieurs institutions, voire d’une région, d’une province ou encore à l’échelon national, voire international ?

Dans le deuxième cas, la multiterritorialité doit être pensée en lien avec la notion de famille de situations professionnelles (cf. p. 127). Une option pourrait être, par exemple, d’élaborer plusieurs référentiels, en lien respectivement avec les différents profils de compétences adaptés aux environnements socioculturels concernés. Une option alternative pourrait être, à l’inverse, d’élaborer un référentiel intégrant des compétences permettant un transfert adéquat des savoir-agir à des environnements extrêmement variables ; un tel choix s’avère nécessaire, par exemple, dans le cadre d’interventions en santé effectuées par des organisations humanitaires.

Dans une perspective institutionnelle et de formation initiale, cette question nécessite d’être débattue au regard d’une analyse des pratiques professionnelles et des métiers, respectueuse des différences observées, ainsi que des problèmes de santé rencontrés.

En effet, il importe de rappeler que l’objectif de l’APCi n’est pas de niveler les formations sur un même standard mais, au contraire, de faire émerger les spécificités et la richesse de tous les métiers en santé, non seulement en reconnaissant les expertises de chacun, mais aussi les particularités des divers milieux.

Des liens sont ainsi à tisser entre d’une part, les concepts issus des neurosciences, tels que celui de « cognition située » ou celui, plus pédagogique, de contextualisation des activités d’enseignement et d’apprentissage 1 , et d’autre part, des éclairages plus anthropologiques, qui mettent en exergue, par exemple, la notion de territorialité de l’activité humaine.

Commentaires :