Parent F, Jouquan J. Comment élaborer et analyser un référentiel de compétences en santé. Une clarification conceptuelle et méthodologique de l’approche par compétences, Bruxelles 2015 : De Boeck

Encadré 14 – page 164

Le concept de reliance : un éclairage complémentaire autour de la notion de taxonomie

En complément des deux premiers éclairages proposés (cf. encadrés « Le concept de reliance : un premier éclairage » p. 26 et « Le concept de reliance : un autre éclairage autour de la notion de compétence », p. 109), le concept de reliance peut aussi être développé autour de la notion de taxonomie.

Le concept de compétence relie les savoirs déclaratifs aux savoirs d’action, et ouvre sur la nécessité que les curriculums de formation prennent en compte des savoirs issus de domaines disciplinaires variés. En tant qu’outil de planification didactique et pédagogique, une taxonomie est de nature à constituer une réponse opérationnelle cohérente par rapport une telle intention. En lien avec des critères, elle permet en effet aux acteurs en charge de l’élaboration des curriculums de prendre des décisions appropriées concernant les activités d’enseignement, d’apprentissage et d’évaluation à mettre en œuvre. Elle offre ainsi aux différentes parties prenantes un cadre intégrateur de référence.

Certains auteurs, comme Jacques Tardif, soutiennent par ailleurs qu’on ne saurait s’engager dans une révision curriculaire inscrite dans l’approche par compétences sans disposer de modèles cognitifs de l’apprentissage des compétences. De tels modèles devraient notamment permettre de définir, d’expliciter et de rendre opérationnels différents niveaux de développements des compétences, en lien avec des apprentissages dits « critiques », qu’il convient de susciter et d’évaluer. Pourtant, de tels modèles issus de la recherche font souvent défaut. Dans le cadre des professions de santé, seules certaines capacités ou macro-capacités sont à cet égard bien documentées ; c’est le cas, par exemple, du raisonnement diagnostique, pour lequel on dispose aujourd’hui de modèles relativement robustes issus de la recherche. Dans tous les autres cas, force est alors de s’en remettre à des accords professionnels construits à l’issue d’un consensus, de manière méthodique et systématique. Parce qu’elle repose sur l’analyse du travail et le développement des compétences, la didactique professionnelle offre une telle voie.

Quelle qu’en soit la porte d’entrée, qu’il s’agisse de la didactique professionnelle ou de la recherche d’inspiration cognitiviste concernant le développement de l’expertise professionnelle, il convient d’être en mesure de s’appuyer sur des construits théoriques, traductibles cognitivement en termes d’apprentissages, pour construire des dispositifs curriculaires et pédagogiques basés sur une logique de compétence.

Dans le cadre de l’APCi, la proposition est d’utiliser la taxonomie exposée précédemment à la fois pour catégoriser les activités liées aux situations professionnelles, et pour rendre explicites les domaines et les niveaux des phénomènes d’apprentissage reliés aux compétences. Ainsi, cette taxonomie constitue bien un élément de reliance, central et intégrateur, à l’interface des deux démarches de traduction didactique et de transposition pédagogique.

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